Médecines alternatives : à la recherche de résultats positifs - Afis Science - Association française pour l’information scientifique
Des décennies d’évaluation
Le réseau international Cochrane qui procède en continu à des « revues systématiques » de la littérature scientifique a rassemblé 1 118 méta-analyses (6 février 2023) portant sur des médecines dites alternatives ou complémentaires [1]. Quasiment tous les domaines se revendiquant de ces approches ont été considérés : acupuncture, herbes médicinales chinoises, homéopathie, venin d’abeille, auriculothérapie, diète asiatique, médecine ayurvédique, balnéothérapie, etc. Les résultats sont largement en défaveur de ces pratiques et remèdes.
En France, les médicaments homéopathiques ont fait l’objet d’une nouvelle évaluation poussée lors d’un processus qui a conduit à son déremboursement à partir de 2021. La Haute Autorité de santé avait conclu à « l’absence de démonstration d’efficacité (en termes de morbidité ou de qualité de vie) » et à « l’absence de démonstration de leur impact sur la santé publique notamment sur leur intérêt pour réduire la consommation d’autres médicaments » [2].
En vingt ans (de 1992 à 2012), aux États-Unis, sous l’égide d’instituts de recherche médicale rattachées au ministère de la Santé, près de deux milliards de dollars ont été gaspillés dans des financements d’institutions diverses et dans des évaluations sans résultats positifs [3]. Plusieurs centaines d’essais cliniques ont été financés pour apprendre que la « guérison à distance » est inefficace contre le diabète ou les tumeurs cérébrales, que la prière est sans effet sur le sida ou que les cartilages de requin ne modifient pas le taux de survie des patients atteints d’un cancer.
Régulièrement, les partisans de ces pratiques thérapeutiques essaient de convaincre les autorités sanitaires de leur pays d’intégrer leurs approches à la médecine qu’ils appellent « conventionnelle », voire « officielle ». Dernière tentative en date en France : une proposition de résolution déposée sur le bureau de l’Assemblée nationale le 18 mars 2021 par huit députés « invitant le Gouvernement à créer une agence gouvernementale d’évaluation des approches complémentaires adaptées et de contrôle des dérives thérapeutiques et des pratiques alternatives » [4].
En réalité, il n’y a pas deux médecines, une « médecine conventionnelle » et une « médecine alternative » qu’il conviendrait de rassembler. Il y a ce qui a été évalué et dont l’efficacité a été prouvée, cela s’appelle la médecine. Ce qui n’a pas pu montrer une efficacité validée ne peut se targuer d’être de la médecine, même en y accolant le qualificatif « parallèle », « douce », « holistique », « non conventionnelle », « naturelle » ou « alternative ». Et dans tous les cas, le fatras conceptuel ou idéologique qui accompagne ses pratiques (énergies positives, qi, méridiens, principe de similitude, etc.) n’a aucune place dans la médecine moderne.
J.-P. K.
Thu 17 Aug 2023 09:47:56 AM CEST - permalink -
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https://www.afis.org/Medecines-alternatives-a-la-recherche-de-resultats-positifs