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Texte in extenso :
«Une des premières choses que j’ai apprises après avoir acheté ma première voiture, ça a été de toujours surveiller mes arrières lorsque je m’arrête à un feu tricole. Je gardais le pied sur l’embrayage, et j’observais tout mouvement sur les autres voies pour m’assurer que personne n’avait l’intention de griller un feu rouge. Dans le cas contraire, j’étais prêt à manœuvrer pour m’écarter du chemin. Quand vous avez vu des centaines d’accident de la route parce que vous travaillez avec les forces de l’ordre, vous devenez un peu parano.
Il y a trois ans, j’ai lié connaissance avec un vieux professeur de boxe, je ne sais plus pour quel papier. Intéressé par son passé, je m’étais rendu compte que durant sa jeunesse il avait été un boxeur très renommé, et qu’encore aujourd’hui il enseignait ce sport à ses cinq enfants. Dans le coin tout le monde connaissait son nom de famille, on peut dire que c’était une célébrité.
Il m’avait invité chez lui, j’avais regardé ses photos accrochées au mur, toutes en rapport avec les combats. Quelques mois plus tard, on m’apprend le décès de sa plus jeune fille dans un accident de la route et on me demande d’aller lui apprendre la nouvelle. Le tout sans savoir que je le connaissais. L’horreur quand j’ai dû voir son visage, le sien et celui de sa femme, au moment où je leur apprenais la mort de leur fille. Sa femme, sans mentir, s’est littéralement arrachée les cheveux de sa tête.
Après un décès, on entend dire à la famille de la personne défunte: “Elle est dans un meilleur endroit maintenant”. Malheureusement elle ne l’est pas. Tout ce que vous êtes, ce qui vous donne votre identié, ce qui vous donne conscience que vous êtes différent des autres, tout cela réside dans votre cerveau. Une fois que vous mourez et que les cellules de votre cerveau s’éteignent, la partie est terminée. Le seul bon côté de la mort, c’est que vous ne savez jamais que vous êtes mort. Ce sera comme avant votre naissance. Si vous n’êtes pas dans les livres d’histoire ou que vous ne laissez aucune collection d’écrits derrière vous, vous vivez dans la mémoire de vos proches jusqu’à ce qu’ils meurent à leur tour. Même si vous laissez un héritage, vous ne connaîtrez jamais son impact. Peu importe à quel point vous vivez une vie heureuse et épanouie, à quel point vous devenez riche ou restez pauvre, la fin sera la même pour tous.
Dans l’échelle cosmique des choses, nos vies ne durent même pas le temps d’un clin d’œil. Si la vie était une partie d’échecs, non seulement nous ne serions pas les pièces, mais nous ne serions pas non plus le grain de poussière posé sur l’échiquier.
Est-ce une chance d’être doté de conscience ? Cela fait-il notre malheur ? Bien que notre vie n’ait pas de sens réel, cette conscience nous donne l’illusion d’être spécial, assez pour nous garder en vie et passer la flambeau à la génération suivante.
La fille du boxeur avait 19 ans. Elle ne s’attendait pas à partir si tôt. Si elle n’était pas montée dans cette voiture, elle serait en vie en ce moment. Si une décision aussi triviale est capable de décider de l’existence d’un être humain, la vie ne peut certainement pas être si importante que ce qu’on croit.»