Activité physique : un médicament à prendre le plus tôt possible et à vie
Pascale Santi September 21, 2017
« L’activité physique diminue la mortalité, le risque de récidive, atténue la douleur, et améliore l’effet des traitements. » THIERRY SUZAN
« Dix mille pas et plus ». La question n’est plus aujourd’hui de savoir si l’activité physique est nécessaire… Il n’y a plus aucun doute. Mais comment pratiquer et à quelle dose ? Bouger plus n’est pas suffisant. L’activité physique adaptée doit être intégrée dans le parcours de soin du patient touché par une maladie chronique. Telle est l’une des recommandations de l’expertise collective de l’Inserm, un travail de 800 pages réalisé par une dizaine d’experts, rendu public jeudi 14 février. Ces experts ont scruté près de 2 000 études scientifiques.
Le constat est sans appel : l’activité physique diminue la mortalité, le risque de récidive, atténue la douleur, améliore l’effet des traitements et possède un effet socialisant. C’est là un enjeu de santé publique, martèlent les experts. Un Français sur quatre souffre d’une maladie chronique, trois sur quatre après 65 ans. Dix millions de patients sont en affection longue durée (ALD).
« Le temps où l’on disait au patient de se reposer est révolu. C’est l’inverse, il faut bouger. C’est une révolution, un changement de paradigme », assure François Carré, expert en maladies cardio-vasculaires. « Les programmes d’activité physique constituent aujourd’hui des soins à intégrer dans les parcours », en s’adaptant à chaque patient et à son environnement social, insiste le psychologue Grégory Ninot.
Publication de notre expertise collective @Inserm qui va tout changer dans l’activité physique pour la santé. Bouge…
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— blogensante (@Gregory Ninot)
Prescrire l’activité physique en première intention
Pour quelques pathologies, comme le diabète de type 2, l’obésité, les artérites des membres inférieurs (obstruction partielle ou totale des artères), le groupe d’experts recommande que l’activité physique soit prescrite en première intention. Même chose pour la dépression légère à modérée, un programme d’au minimum trois séances par semaine sur trois mois devrait être prescrit avant de commencer tout traitement d’antidépresseurs.
Pour le diabète, le meilleur programme est d’associer endurance et renforcement musculaire, avec une intensité modérée à forte. Même chose pour le cancer. L’activité physique est le seul traitement efficace pour atténuer la fatigue, séquelle la plus fréquente. Le renforcement de la masse musculaire permet aussi d’amoindrir la toxicité des traitements. Quant à l’obésité, les experts conseillent de mettre l’accent sur la diminution du tour de taille plutôt que sur la perte de poids avec là aussi des programmes d’activité d’endurance. Et dans tous les cas, l’activité physique doit être intégrée le plus tôt possible, au moment de rentrer dans la maladie. La prescription ? Au moins trois séances par semaine, en plus des 30 minutes de marche quotidienne.