Les rendez-vous secret de Berger et Mailly au ministère et au Château - GuiGui's Show
Une câlinothérapie syndicale pour rassurer le président Macron.
Édouard Philippe le répète : les organisations syndicales et patronales qui ont discuté les ordonnances ont été « traitées sur le même pied d’égalité ». Et de souligner à quel point le gouvernement entend rompre avec les anciennes pratiques des conciliabules top secrets. Beau… mais faux !
Alors que les discussions entre le gouvernement et les syndicats étaient officiellement closes, le patron de FO, Jean-Claude Mailly, a secrètement rencontré Macron, lundi 28 août, au petit matin à l’Elysée. Puis, le soir, toujours secrètement, il s’est rendu chez Muriel Pénicaud en compagnie, cette fois, du secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, pour une réunion tout aussi secrète. Motus absolu : les syndicalistes n’en ont alors pas soufflé mot à leurs états-majors.
Ces impromptus ont eu lieu à la demande de Macron, qui s’inquiétait du pouvoir de nuisance de Mélenchon et de Martinez, le leader de la CGT. Le président de la République puis la ministre voulaient s’assurer que les deux chefs syndicaux — notamment Mailly — tenaient bien leur base. Pénicaud a aussi demandé leur avis aux deux compères sur les dernières exigences de Gattaz. Berger a tenté une dernière fois d’obtenir un renforcement de la présence des syndicats au sein des conseils d’administration et de sauver leur implantation dans les petites boîtes. En vain.
Syndicat de conscience
Du coup, le patron de la CFDT ne décolère pas contre le chef de l’Etat et son entourage. « Ils ont loupé l’occasion de faire le choix de la démocratie sociale. Ils ont préféré les vieilles recettes », râle-t-il en privé. Mailly, qui a ensuite continué de discuter au téléphone avec Macron, est ravi, au contraire, d’avoir obtenu des garanties sur le rôle des branches professionnelles. Le successeur de Marc Blondel s’imagine déjà en interlocuteur privilégié du pouvoir à la place de Berger. Mais les dirigeants de FO ne sont pas tous sensibles àla séduction macronienne, tant s’en faut. Mailly a connu un moment orageux, ce lundi 4 septembre, devant la commission exécutive de FO.
Cette réunion des 33 plus hauts gradés, qui devait se terminer à midi pour l’apéro, s’est poursuivie jusqu’à 16 heures. Outre ceux des départements de l’Ouest, les dirigeants de l’Ile-de-France - entre autres - et de nombreux syndicats, dont les incontournables dames pipi, reprochent à leur secrétaire général de s’être fait enfumer par Macron. Et certains envisagent de manifester avec la CGT le 12 septembre. « On ne comprend pas pourquoi il faut dire oui aux ordonnances Macron, qui sont pires que la loi El Khomri, contre laquelle on a manifesté », peste un opposant.
Au cours de cette commission exécutive, le boss de FO est sorti plusieurs fois de ses gonds. « Si je suis battu devant le comité confédéral national (le “Parlement” de FO, qui réunit les patrons de toutes les unions départementales et de toutes les fédérations), je démissionnerai, et vous serez bien emmerdés », a-t-il menacé.
Ledit comité est programmé pour les 28 et 29 septembre, soit après les manifs de la CGT et de Mélenchon. Macron et Philippe ne vont sûrement pas s’en plaindre.
Les petits hommes qui ont besoin de se sentir fort et de museler les troupes dans des conciliabules top secrets… Une certaine image de la démocratie. Gerbant. Le nouveau monde, c'est maintenant !
Dans le Canard du 6 septembre 2017.
Tue 12 Sep 2017 12:16:23 AM CEST - permalink -
-
http://shaarli.guiguishow.info/?lEvX5w