Eric Fottorino : "Face au pouvoir de l'argent, celui des journalistes est faible''
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En juin 2010 Nicolas Sarkozy, alors président de la République, m'a fait venir à l'Élysée. Lors de l'entretien, il me suggère, avec insistance, de vendre Le Monde au groupe Lagardère, ce que j'ai refusé. En conséquence de ma décision j'ai eu une première menace : alors que Le Monde demandait à l'époque une aide de financement lié au fonds de modernisation de la presse pour son imprimerie, le président m'a affirmé qu'aucune subvention ne serait versée au Monde si je restais sur ma position. Puis, dans le mois qui a suivi ce rendez-vous, Vincent Bolloré m'a fait savoir que Direct Matin - le gratuit édité par son groupe - quittait l'imprimerie du Monde. Une décision qu'a suivie, à son tour, le groupe Lagardère, au détour d'une nouvelle formule du JDD. Enfin, quelques semaines plus tard, Les Échos de Bernard Arnaud m'ont informé qu'ils quittaient également l'imprimerie.
Peu de temps après cette rencontre à l'Élysée, trois proches du président ont donc pris des décisions industrielles lourdes, qui ont atteint Le Monde, non pas au plan éditorial, car aucune prise n'était possible à ce niveau-là, mais au plan financier. Car notre modèle économique n'était pas assez puissant, couplé à des défauts de gestion d'une entreprise menée par des journalistes. Le journal mis en grande difficulté a perdu son indépendance, pour la somme de 50 millions d'euros (le montant de l'acquisition pour le trio BNP, NDLR).»
Dégage pov'con.
Via une rivière.
Wed 23 Nov 2016 05:01:35 AM CET - permalink -
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